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Saturday 9 October 2010

L'organisation politico-juridique des Issas

  • Cavaliers juchés sur leurs chevaux trapus, tout en nerfs, à la crinière touffue et couverte d'écume, ils gravissent les sentiers des montagnes que bordent d'épaisses forêts de cactus. Parvenus au niveau du col de la ligne de faite, ils s'arrêtent, les oreilles tendues, le regard rivé sur l'horizon. Est-ce l'avant-garde ou le gros des troupes ? Avancée triomphale faite en ordre dispersé? Hassan Gadidcheh, un des chefs incontestés de l'époque et leader de la patrouille, scrute ce site dominant et ses environs immédiats. Il trouve celui-ci idéal pour l'implantation définitive d'une base, descend du cheval avant d'intimer à sa troupe de débarquer. Il planta donc son épée au sol pour indiquer et marquer à jamais l'endroit qui sera désormais le sanctuaire du Heer Issa sur le monticule de Sitti. Le leader commença à expliquer aux siens l'importance stratégique du site et donna l'ordre de s'y installer. A cet endroit précis, le Heer sera élaboré et codifié au terme de plusieurs années d'études et de débats à bâtons rompus. A l'heure actuelle, le site n'est que ruines où sont à peine visibles les différentes portes d'entrée représentatives de douze branches ethniques (maisons). Il est difficile de situer avec exactitude la date où Sitti fut déserté. Mais d'après les historiens, il fut construit au début du 17ème siècle, probablement vers 1606. Astreints à l'éternel déplacement imposé par la recherche de point d'eau et la poursuite de pâturage, les propriétaires désertèrent le sanctuaire quelques années plus tard.  Essentiellement motivé à l'origine par la recherche de la cohésion communautaire et la protection de la société dans un contexte conflictuel, le Heer prendra plus tard des connotations avant-gardistes d'un droit moderne de référence pour différentes tribus de la Corne. Après l'instauration d'un système parlementaire dans lequel seront créées les instances qui s'y rattachent comme l'exécutif symbolisé par l'Ougas, une Assemblée (Gande) ainsi que des commissions qui s'apparentent à un pouvoir judiciaire chargé de régler les litiges intercommunautaires, le Heer a évolué dans le temps pour s'enrichir des dispositions nouvelles et graduelles adoptées à la lumière de l'expérience. Par l'élaboration et l'adoption de cette constitution qui se transmet de génération en génération sans être écrite, la solidarité et la fraternité furent consolidées au sein de la société nomade. C'est aussi un gage de survie pour une communauté nomade en proie à la dislocation à cause des conflits permanents avec les autres tribus voisines. La maxime ciise waa wala ciise oo nina nin caaro madheera (qui signifie : tous les Issa sont égaux devant la Loi et nul ne peut se prévaloir d'une quelconque supériorité) caractérise le principe sacro-saint de la Constitution. Elle est la consécration des règles de conduite dans cette communauté où l'égalité ethnico-sociale sera garantie. L'Ougas est donc l'aboutissement de ce long processus et le garant de la Loi pastorale. Mais de nos jours, le sanctuaire est à l'abandon comme l'est aussi le Heer lui-même, qui tend à être démodé sous l'influence d'un droit importé..........................

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